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Coline Le Bolloc’h – Portrait de femme engagée

Après avoir travaillé dans le milieu institutionnel, auprès d’élus, Coline est revenue à ses premières amours : le lobbying citoyen et le travail de terrain. Grâce à Siel Bleu, elle défend l’accès de toutes et tous à la santé à travers l’activité physique adaptée (APA). Si elle déplore parfois de ne pas pouvoir « tout faire », le groupe associatif a réussi à bâtir des relations solides avec les pouvoirs publics. Elle partage avec nous son parcours et son engagement.

Quel est l’objectif de votre plaidoyer ?

Siel Bleu défend l’accès à l’activité physique adaptée pour toutes et tous. La santé doit être un droit et pas un luxe. Nous visons en parallèle la France et l’Europe sur ce sujet, car à chaque niveau il y a des choses à faire. Il y a aussi un travail à mener avec les collectivités locales : notre plaidoyer nous amène à échanger avec les mairies, les régions, les départements, l’assemblée nationale, le sénat, mais aussi les députés européens et l’Organisation Mondiale de la Santé. En ce moment, avec le COVID19, il y a beaucoup de questionnements autour des EHPAD (établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes). Une loi sur le grand âge et l’autonomie est attendue en France pour adapter notre société aux personnes vieillissantes. Nous avons participé à la concertation nationale. Nous avons souligné le besoin de créer des endroits nouveaux, des aides nouvelles, de reconnaitre l’activité physique adaptée comme un bien commun, et que l’accès soit automatique, reconnu par la sécurité sociale et remboursé pour les personnes qui vivent dans la précarité.

Pourquoi faire du plaidoyer?

Les associations et les Organisations Sociales et Solidaires défendent par définition des sujets de société qui poursuivent d’autres buts que le bénéfice. Et ces sujets ont besoin de porte-paroles pour être entendus. Le plaidoyer vise justement à cela, et permet à des acteurs qui ont des choses à dire d’être entendus.

Une Victoire?

Avoir rencontré tous les cabinets ministériels qui ont un lien avec nos sujets a été une grande étape pour nous. Nous avons construit de véritables relations de confiance, nous avons désormais des échanges avec les cabinets qui nous écoute et qui s’intéressent à notre vision des choses. Ce n’est pas une victoire « publique » ni une campagne, mais c’est une étape indispensable pour notre plaidoyer. Nous avons obtenu une oreille attentive, on nous demande notre avis, on nous écoute. Maintenant, il est question de passer à l’action.

Qu’est-ce que le métier de Responsable plaidoyer?

Je m’occupe des affaires institutionnelles. J’accompagne les équipes de Siel Bleu dans leurs relations avec les institutions. J’explique qui nous sommes, j’essaye de bâtir des relations durables. Surtout, je participe au développement du discours de fond de notre association car finalement, le plaidoyer, c’est construire un projet de société. J’ai aussi une liberté totale pour accompagner les professeurs d’APA, que l’on nomme « Chargés de prévention » à Siel Bleu, sur des cours d’activité physique adaptée aux personnes âgées, en situation de handicap ou atteintes de maladie chronique, ce que j’adore car j’ai aussi besoin de me rendre compte des choses sur le terrain. L’opportunité que me donne Siel Bleu de participer à diverses activités de terrain donne du sens à mon travail. Au début, nous cherchions surtout à nous faire connaître dans un monde politique qui n’est pas évident. Maintenant, nous entrons dans la phase d’action auprès des pouvoirs publics.

Quel est votre parcours?

J’ai commencé par des études en communication puis j’ai voyagé en Angleterre et en Allemagne, avant d’étudier les affaires européennes de retour en France. Au moment du Master, je me suis mise à vraiment réfléchir à ce que je voulais faire, et j’ai choisi d’écrire mon mémoire sur le lobbying citoyen. J’avais un véritable intérêt pour la défense des intérêts sociaux. Je voulais être en lien avec le politique sans être dans un parti. J’ai alors fait un Master en alternance avec un pied dans un cabinet de lobbying qui se voulait éthique. J’y ai beaucoup appris au début, mais cela ne me convenait pas. Par hasard, j’ai alors rejoint une députée européenne qui cherchait une collaboratrice à Paris. Je n’étais encartée nulle part mais je me suis dit “on verra ce que ça donne”. Je suis restée neuf mois auprès d’elle, puis je suis passée chez un sénateur que j’ai suivi quatre ans au Sénat. Toutes ces expériences étaient enrichissantes mais j’avais ce souci d’être plus proche des gens. Ce qu’on reproche à la politique, je l’ai ressenti au plus près: un éloignement des populations fragilisées. J’ai eu besoin, après presque 10 ans dans l’institutionnel, de réaliser ce que je voulais depuis le début: mener un lobbying citoyen. Un jour, je suis allée à une conférence qui rassemblait les pionniers de l’économie sociale et solidaire française, qui parlait du French Impact. Les fondateurs de Siel Bleu sont arrivés en jean et en t-shirt pour expliquer ce qu’ils font avec beaucoup de simplicité et une grande modestie : ils s’étaient lancés dans cette aventure à deux copains de fac il y a 23 ans et sont 700 aujourd’hui. Une histoire dingue. Surtout, ils parlaient enfin un langage que je comprenais. Il n’y avait pas de poste ouvert mais je leur ai écrit une lettre. On est allés boire un pot, on a discuté. Deux mois plus tard, je devenais Responsable plaidoyer.

Votre plus grande difficulté ?

Réussir à tout faire ! C’est parfois difficile de ne pas exclure un objectif. Nous en avons plusieurs, tous importants et complémentaires. Le panel de choses à faire et de gens à rencontrer parait inépuisable. Cela a un côté génial mais aussi un coté épuisant. On a toujours peur de passer à côté de quelque chose: une stratégie, une recommandation à faire... Il faudrait qu’on soit 15 personnes ! C’est impossible en réalité de tout faire.

Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui souhaite s’engager dans le plaidoyer ?

Le premier travail du chargé de plaidoyer est un travail de recherche. Il faut creuser son sujet à fond pour en maîtriser toutes les facettes. C’est indispensable de ne pas louper ce premier travail documentaire, de bien capter son écosystème. Avant de se lancer, il faut savoir où on met les pieds ! Le risque, c’est de faire du lobbying superficiel, de ne pas arriver bien préparer. Pour éviter cela, il y a un important travail de fond à mener. Se poser de vraies questions à la base nous permettra ensuite d’être bons dans l’action.

Pour plus d'informations sur le travail de Coline au sein de Siel Bleu: https://www.sielbleu.org/je-decouvre